Je soumettais ce matin cette réflexion à mes étudiants: et si vous aviez les stats Google Analytics du site Google.fr, que pourriez-vous affirmer avec certitude sur certaines métriques? un stylo de consultant à gagner!
Le rebond a du bon (parfois)
C’est Ninon qui a eu l’intuition en premier. Le taux de rebond est proche de 100% puisqu’il est généralement admis que plus de 95% des internautes se contentent des réponses en 1ère page de la SERP du moteur de recherche Google. On peut même imaginer que Google surveille la performance de ses résultats proposés en veillant à maintenir un taux de rebond maximal. Arrêtons donc le postulat que le taux de rebond élevé est nécessairement mauvais. C’est une métrique, tout simplement. Sa valeur a un sens selon les sites, et même selon les pages d’un site.
A la recherche du temps perdu
Le temps passé par page interroge souvent. pourquoi cette page est vue plus longtemps? pourquoi cette page avec cet article pourtant très intéressant n’est pas lu à sa juste valeur? Le temps passé par page appartient à la famille des vanity metrics. Des métriques inutiles et même dangereuses car elles font perdre du temps au data analyst ou aux décideurs. Mais pourquoi donc?
D’abord le temps mesuré n’indique pas réellement un temps actif de l’internaute sur la page internet, quand il ne s’agit pas d’un bot ou d’un crawler.
Voici plusieurs raisons qui démontrent l’intérêt plus que limité de la mesure du temps moyen passé par page:
- Le niveau de dispersion d’un visiteur est énorme: plusieurs fenêtres ouvertes, multitasking, surf sans but
- La qualité de connexion en mobilité (qui est l’usage avec le plus gros taux de progression) augmente le temps de connexion des plus patients (le temps de lecture est en fait un temps de chargement). Si votre balise Google Analytics (GA pour les intimes) est bien en début de section HEAD, le compteur du taxi Google Analytics commence à tourner dès l’ouverture de la page (la portière) mais votre connexion vous empêche de vous assoir correctement à bord.
- La méthode de calcul enfin: Google Analytics lance le chrono à l’ouverture de la page et il l’arrêtera à la prochaine page vue… si et seulement si cette dernière est une page de votre site. GA fait en effet la moyenne des durées entre 2 pages balisées par vos soins. Le temps passé sur la page de sortie est donc toujours nul. Il aurait été plus juste de mettre en oeuvre une mesure de la médiane, mais ça n’a pas été l’option retenue par GA.
- Ajoutons enfin qu’un site en ajax par exemple aura souvent une URL unique malgré une navigation utilisateur
D’où ce corollaire au taux de rebond très élevé du moteur de recherche Google.fr: le temps passé sur Google est nul… selon GA. C’est juste le site le plus consulté au monde!! A noter que le site le plus requêté au monde est désormais Facebook.
La mesure, le suivi et le pilotage du temps moyen passé par page ne sert donc à rien. CQFD.
Laisser du temps au temps
Je force bien sur le trait car sur certains sites, le temps a son importance, notamment si on propose du contenu vidéo ou son.
D’ailleurs, dans les objectifs personnalisés de GA, il est possible de faire de la durée sur le site un ojectif personnalisé de conversion. La réelle mesure du temps passé impliquerait alors de mettre des comportements ou interactions via Tag Manager qui s’activerait toutes les x minutes (sauf que GA dans sa version gratuite est limité à un nombre de comportements max par session). Sauf situation spécifique, le seul véritable objectif sera celui business, de chiffres d’affaire ou d’abonnés.